Fok Julle Naaiers # Henk

Quelle est la différence entre l'Upper East Side et Brooklyn ? C'pas au même endroit. Je ne fait pas partie de cette jeunesse dorée de Manhattan qui considère les riverains de Brooklyn comme des moins que rien. En fait, je préfère Brooklyn, et le soir souvent je vais mixer dans des petits clubs là bas, j'bosse aussi pour quelques petits groupes de rap. Qu'est ce que le luxe ? Péter dans des draps d'satin, au lieu de péter dans des draps rêches qui sentent la lessive bon marché. Qui est Gossip Girl ? Une pauvre fille qui sait pas quoi faire de son temps, et qui as ruiné mon bonheur. Qui l'as sans doute ruinée elle, aussi, d'une certaine manière. Quelles sont tes priorités ? Faire ma vie comme je l'entend, sans suivre les traces de mon père. Ce qui en soi, implique essayer de la retrouver, essayer d'être heureux Parles moi de toi ? Un accent Sud af' très prononcé (ainsi qu'un argot particulier), toujours la cigarette au coin des lèvres, pas mal de tatouages et une odeur persistante de clope froide et de rosé, dès le petit déjeuner. J'ai tendance à pousser des drôles de beuglements aussi, j'sais pas pourquoi j'ai besoin de m'exprimer en poussant des cris bizarres. J'aime pas les américains et leur culture non plus de manière générale, mais par contre j'aime bien le macdo et le fait de ne plus avoir à attendre six mois pour voir un film au cinéma.

▲ c'est mon histoire

You know you're south african when... You call traffic lights "robots"
New York. Putain. A peine descendu de l'avion, à l’orée de mes 17 ans, j'ai compris que j'aimerais pas cette ville. J'avais jamais mis d'écharpe de ma vie, pas besoin vu le climat sud africain... Jamais vu la neige non plus, sauf au loin sur les montagnes où à la télé. Là, j'ai eu le droit à la totale. Je venais de finir ma deuxième année de lycée, en Afrique du sud où l'école finit en Décembre, et ce jour là c'était le neuf Janvier. J'm'en souviendrais toute ma vie, de cette date. Mon père avait été promu ambassadeur, la belle affaire. Ma mère était contente de partir en Amérique, elle était sure qu'elle serait heureuse avec tout les magasins de luxe, qu'elle n'aurait pas à attendre un mois pour avoir le dernier sac de chez vuitton. Mon père, déjà pendu au téléphone comptais bien garder son poste, sa place ici à New York. Et moi, avec mon bonnet sur les oreilles et grelottant de froid en regardant la neige je marmonnais des injures dans mon écharpe tout en remontant la fermeture éclair de ma veste. Avec ses relations, il s'était arrangé pour qu'au Lycée privé saint jude, je ne perdes pas une année inutilement, commençant donc ma dernière années de lycée en Janvier. Si l'idée de porter un uniforme ne me plaisait pas plus que ça, j'en avait eu l'habitude en Afrique du sud. Si l'idée d'être entouré de garçons m'était familière puisque j'étais déjà dans une école privée masculine à Johannesburg... C'est plutôt les gens qui m'ont fait chier dès mon arrivée. Des gens ennuyeux et stupide, j'dois bien l'avouer, et j'crois que c'est pas un mythe, c'qu'on dit sur les ricains. Ils sont particulièrement cons...
« Qu'est-ce qu'il fait ton père dans la vie? Le mien il est avocat, celui de Kevin est trader et celui de Paul est chirurgien esthétique. T'es boursier ? »
« Non, j'arrive d’Afrique du sud, mon père est ambassadeur. »
« T'es sud africain ?... Mais comment ça se fait alors, que t'es pas noir ? T'as été adopté ? »
« Fok jou, eet kak en vrek simpel kont. »


Baby's on fire She's got me going fokken crazy soos a mal naaiers! Oh here God se Jeeziz!
La première fois que je l’aie vue, elle était là, à vomir derrière une benne à ordures dans la neige, dans une ruelle glauque de Brooklyn où on déconseille aux jolies filles de traîner seules la nuit. Moi, j’voulais juste sortir pisser un coup au frais, pour décuver un peu mon vin avant de retourner bosser. J’l’aie regardée, sans trop savoir comment réagir, puis j’suis juste retourner à l’intérieur pour utiliser les toilettes, comme n’importe quel être humain normal. Après, j’dois avouer que je sais plus trop comment c’est arrivé. On avait pas mal picoler tous les deux. Je me souviens qu’on a couru dans la neige après avoir acheté une bouteille de vodka à l’épicerie du coin qui était encore ouverte et là où ils n’étaient pas trop regardants sur l’âge, elle avait son bonnet de chat sur la tête et elle riait, riait. J’rigolais avec elle aussi. Puis on a finit par aller chez moi, et on est ressortis d’ma chambre que le lendemain soir quand mes parents sont arrivés du boulot. Quand mon père m’as vu sortir de la chambre le boxer remis à l’arrache, les cheveux en pagaille pour raccompagner une jolie petite brune à la porte, il s’est contenté d’hausser un sourcil « C’est ta copine ? » qu’il m’avait demandé. Moi j’avais hausser les épaules « J’crois pas. Enfin je sais pas. » « Comment elle s’appelle ? » « Viktoria. Viktoria Eriksoun ou un truc du genre. » C’est là que ma mère, qui m’fusillait du regard à répondu « Viktoria Einarsson, c’est une fille à problème de ce que j’en sais. » A ce moment là, j’ai su que j’allais bien l’aimer cette gamine, ne serai-ce que pour faire chier ma mère.

Et sans qu’on s’en rende compte, deux ans sont passés. Deux ans ensemble, où l’un comme l’autre on a appris à se connaître. Deux ans où comme dans n’importe quel couple normal on se gueulait dessus pour de la merde avant de se réconcilier en froissant les draps. C’était pas la relation la plus saine du monde c’est sur mais on vivait d’amour, d’alcool et de clopes. On était heureux, même si c’était pas rose tous les jours à cause de ses TCA j’étais prêt à accepter tout ça, et à l’aider si besoin. Prêt à la laisser trois heures toute seule face à son assiette pour pas la stresser et pour qu’elle puisse manger quelques bouchées, prêt à la serrer dans mes bras après les repas pour lui dire qu’elle était courageuse et que j’étais fier d’elle. Lui dire que j’l’aimais, malgré tout ça. J’l’aie soutenue aussi quand Gossip Girl à commencer à bitcher sur sa maladie. C’est pas le genre de truc qui me fait rire, à la limite me moquer du dernier petit con photographié à la sortie d’un bordel, ou d’une blondasse le nez plein de coke… Mais pas d’la maladie. Pas d’un truc sérieux comme ça, qui vous affecte au quotidien. Parce que mine de rien, à quasiment vivre avec elle, même si personnellement j’ai jamais eu de TCA maintenant je sais ce que c'est; je sais à quel point ça peut être dur pour quelqu’un qui en souffre, et pour l’entourage. J’sais que les gens vous tournent le dos, et que j’étais l’un des seuls à jamais trop la faire chier avec ça, à la laisser faire son truc sans la déranger quand elle était face à son assiette. C’est l’genre de combat que tu dois mener seul, et même toutes les thérapies du monde ne pourraient rien y faire.

Puis un jour, j’suis passé de la joie au désespoir en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf. C’est allé super vite, un matin, elle m’a regardé en m’annonçant qu’elle pensait être enceinte. Elle avait l’air terrorisée c’est certain… Mais moi, j’étais surement l’gars le plus heureux du monde à ce moment là. Et je lui ai dit que je ferais tout pour que notre enfant soit heureux, que je l’aimerais. Et quelques heures plus tard, toujours euphorique mon portable à sonner. Nouveau scoop de gossip girl, je pensais que c’était un truc sans importance encore un ragot à la con, comme d’habitude, qui m’occuperait pendant un cours chiant en amphithéâtre. Mais non. C’était bien une photo de Viktoria, qui sortais d’une clinique. D’une clinique, où elle avait avorté. Sur le moment j’ai pas su comment réagir, je suis resté bien cinq minutes à fixer l’article. Ça ne pouvait pas être vrai, non. J’voulais pas. Puis, dans un état de tristesse, de colère, avec cette impression qu’elle m’avait planté un couteau dans le dos je lui ai dit d’aller de faire foutre quand elle s’est pointée le soir chez moi, déjà en larmes. Je lui ai balancé ses affaires à la gueule, claqué la porte au nez.


Can someone tell me if it's wrong to be so mad about you ?
Gossip Girl a enchaîné, parler de sa tentative de suicide. Mais le temps que je décuve tout ce que j'avais bu la veille pour essayer de plus y penser il était trop tard. J'ai eu beau monter les étages quatre à quatre pour aller sonner chez elle, sonner comme un hystérique et demander la voix nouée par les sanglots à sa mère ce qu'il s'était passé, j'ai rien su. J'me suis fait jeter, ils ont même su appeler la sécurité parce que je voulais pas partir, savoir où elle était, lui dire que j'étais désolé, essayer de comprendre. Le temps de me rendre compte que finalement, Gossip Girl avait peut être dit de la merde il aurait pu être trop tard. Tout ce que j'ai su au fil des semaines qui ont suivit c'est via cette horrible pétasse qui diffuse les ragots. J'ai même pas pris le taxi, j'ai juste couru a travers les rues de la ville, choppé un bus pour aller jusqu'au centre où on disait qu'elle séjournait pour se soigner. J'savait qu'elle était mal là bas, qu'elle supporterais pas tout les traitements les sondes alimentaires, la thérapie et tout le reste. J'ai voulu la sortir de là, ou au moins essayer de la voir puisque son portable lui avait été confisqué à son arrivée. Mais une fois de plus on a du appeler la sécurité pour me foutre dehors. Putain de toubib, qui comprenait rien, qui disait que si elle était aussi mal j'y étais pour rien qu'elle était juste malade et que seul des personnes qualifiés pouvaient l'aider. Mais je savait que c'était faux, en deux ans avec moi, après des mois et des mois de patience vis à vis de celle qu'elle appelle Ana, je l'avait sans doute plus aider que n'importe qui à aller mieux. La preuve, son petit corps si fragile avait pu porter un enfant quelques temps, mon enfant, notre enfant. Les deux gorilles me tiraient pour me faire partir du centre, et moi je hurlais comme un dément que j'aimais Viktoria, que je voulais la voir, lui dire que j'étais désolé, ce genre de conneries.

Seulement les mois ont passer, silence radio sur Gossip Girl, ce qui signifiait qu'elle n'était toujours pas de retour en ville. Sinon, tout le monde l'aurait su via un article sur le blog. Huit putains de mois, pendant les quels j'ai essayer de me faire une raison. De me dire qu'elle et moi c'était finit, que je ferait mieux de l'oublier avec la première pétasse venue qui serait ravie d'écarter les cuisses pour moi. Quand t'es DJ, ou même que tu travaille dans le monde de la nuit, c'est facile de te trouver une chienne à baiser vite fait. Encore plus quand t'as de l'argent et que tu peux te payer une pute pour quelques heures ou pour une nuit. Mais j'ai pas réussi à ne pas penser à elle, et même le bonnet D de cette charmante escort girl Russe n'a pas réussi à me changer les idées. J'ai même pas réussi à rendre popol heureux, malgré toute la bonne volonté de cette demoiselle. C'était pas Viktoria, j'y arrivais pas. Et finalement, au lieu de gémir et d'être un jouet cette fille qui ironiquement s’appelait Anna a commencer à me demander ce qui n'allait pas. « Tu sais c’est pas grave si tu y arrive pas j’ai des clients qui sont dans le même cas que toi… Sauf que généralement ils sont plus vieux, à ton âge on a pas ce genre de problèmes. J’ai tout essayer y a rien qui marche, t’es sur que ça va ? » « Non, j’pense à mon exe. Elle s’appelle Viktoria, et elle est en cure en ce moment. Elle est anorexique, et… T’as du entendre parler de gossip girl. » La russe, elle a hoché la tête en allumant une cigarette, recouvrant un peu sa poitrine avec les draps du lit de l’hôtel « Oui, je sais qui c’est ta copine. J’ai lu ce qu’elle a dit Gossip Girl, vous alliez avoir un enfant elle a avorté, puis essayer de se suicider après que tu l’aie jetée et puis elle a finit en centre de rééducation alimentaire, tu as essayé de la récupérer mais là c’est toi qui t’est fait jeter. On a même eu le droit à une photo de toi couvert de bleus, après que les vigiles t’aient tabassé » « C’était pas les vigiles. J’me sens tellement vide depuis qu’elle est plus là que j’ai volontairement provoqué des mecs en boite pour me faire cogner dessus et essayer de sentir quelque chose. » En fait, ça m’étonnait à moitié qu’une prostituée lise les ragots de Gossip Girl. Une prostituée, ça sait tout ce qu’il se passe, c’est au courant de tous les ignobles secrets des puissants de ce monde qui se confient sur l’oreiller. J’avais plus rien à perdre, elle pourrait tout balancer à Gossip Girl que ça m’aurait fait ni chaud ni froid, puisqu’elle n’était plus là. « Et donc, tu l’aimes encore. » Pas la peine de répondre, puisque c’était évident. J’suis resté silencieux, à tirer sur ma cigarette, à boire encore une gorgée de vin. « Tu devrais lui envoyer les fleurs avec un mot pour t’excuser, ça lui ferait plaisir… Tu connais ses fleurs préférées ? » « J’ai déjà essayé le bouquet est revenu. »

Puis elle aussi, elle est revenue. Quelques semaines plus tard, Gossip Girl publiait une photo d’elle. Toujours aussi maigre, à marcher dans les rues bondées sans se retourner. Ses longs cheveux noirs, ses yeux trop maquillés et le visage creusé. The walking corpse is back.