I Knew You Were Trouble pv Octavia

Sourire aux lèvres, ses mains s'étaient emparées de la paire de jumelles afin de la voir. Oh, ce n'était pas grand-chose mais il voulait à tout prix profiter du spectacle. Certains auraient pu trouver sa présence à un tel rassemblement incongrue voir même étrange. Il est vrai que le trouver au New York City ballet n'était pas le lieu le plus évident. Pour une raison étrange, le jeune homme avait toujours apprécié ce genre d'évènements. La danse était un langage qui lui plaisait même si parfois le message était difficile à décoder. Il savait également apprécier la beauté des costumes, de la scène, des mouvements et puis des ballerines. Oh oui, il était inutile de préciser que Vanja était très friand de ce genre de demoiselles. Il les savait en bonne santé, souple, sans envie de faire des enfants et pour la plupart, trop occupée par leur boulot pour se lancer dans quelque chose de sérieux. Pour lui, c'était en quelque sorte un avantage qui n'était pas négligeable. Ce n'était cependant pas pour les raisons habituelles qu'il se trouvait ici. Pour une fois, l'attrait du spectacle n'était pas été le plus fort. Ce qu'il voyait à cet instant ce n'était ni l'harmonie ni la grâce mais elle. L'avait-il déjà rencontré lors d'autres représentations ? Surement cependant il ne l'avait pas remarqué parce qu'elle n'était pas au centre. Ce n'était pas la danseuse principale mais pourtant, aujourd'hui, elle était la seule qu'il regardait. Obsédé serait surement un terme un peu fort pour désigner le comportement qu'il était en train d'adopter, toutefois, pour une personne ne pratiquant pas le langage Vanjanien avec assiduité, cela pouvait très bien le paraitre. Du haut de ses vingt-neuf ans, il n'avait toujours pas digéré la manière dont il s'était fait jeter. Oh non, ce n'était pas dans ses habitudes d'être traité comme un malpropre. Il avait fait fort ce soir-là mais pourtant, il s'obstinait à considérer son comportement comme tout à fait normal. Il ne voulait pas admettre que payer une fille pour faire semblant d'être sa petite amie avant de l'embrasser sans lui avoir demandé si elle était d'accord pouvait être une très mauvaise idée. Il agit avant de réfléchir et depuis, il s'était lancé dans une sorte de chasse à la demoiselle. Il voulait revoir cette fille sans vraiment savoir pourquoi. Il ne voulait pas l'épouser, ni lui faire payer son affront. Dans ce moment étrange, c'était son amour propre qui en avait pris un coup et il voulait agir sans véritable but. Une fois de plus, il agissait sans réfléchir aux conséquences. Il avait cherché ce que faisait cette Octavia Grimaldi et il s'était lancé à sa poursuite. Il avait repéré sa place, à quelle heure elle arrivait, à quelle heure elle repartait et surtout la meilleure manière de l'atteindre. Il lui était vite venu à l'esprit que ce lieu serait le meilleur endroit pour le faire. Il connaissait assez bien le lieu et il avait déjà été plusieurs fois en coulisses et c'était tout naturellement que ses pas l'avait conduit après la représentation. Même si ses mains semblaient vide, il avait fait déposer, à son intention, dans la loge commune aux danseuses un bouquet comprenant les principales fleurs vendues dans le commence. Ne connaissant pas encore ses favorites, il avait opté pour un choix de convenances. Il avait cependant immédiatement mis de côté les roses. Elle ne lui semblait pas être une fille à roses. Il avait attendu patiemment qu'elle sorte de la loge. Octavia semblait toutefois ne pas vouloir partir trop vite. Il voyait les filles passés devant lui mais ce n'était jamais elle. Certaines le regardaient comme s'il était un intrus. D'autres lui souriaient. D'autres encore le reconnaissait et il leur offrait son plus beau sourire. Ce fut enfin autour de la dite demoiselle de sortir de la loge. Reprenant un visage rassurant mais pas trop charmeur pour ne pas effrayer la jeune créature, il attendit qu'elle passe juste à côté de lui avant de lui parler. « J'espère que vous avez aimé les fleurs. Je ne savais pas celles que vous préférez, j'espère qu'elles se trouvent tout de même dedans. » Il marqua une petite pause avant d'ajouter calmement. « Je voulais m'excuser pour notre regrettable rencontre. » Il n'ajouta rien, attendant une réponse de la part de la dite demoiselle. Comment allait-elle réagir ? C'était là, tout ce qu'il ignorait.

▲ I KNEW YOUR WERE TROUBLE
SO SHAME ON ME NOW FLEW PLACE I'D NEVER BEEN
SO YOU PUT ME DOWN NOW I'M LYING ON THE COLD HARD GROUND
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Elle danse, elle danse, elle danse. Le rythme de ses pas se calque sur celui des autres danseuses. Un sourire est figé sur son visage, comme si cette représentation de Casse-Noisette était le jour le plus merveilleux de sa vie. Elle ne voit bien évidemment pas qui se trouve dans la salle. Un écran noir se dessine sous ses yeux mais elle ne se décourage pas. Quand vient la fin du ballet, les danseuses se succèdent les unes après les autres au rythme de l’annonce de leurs noms. Puis viens son tour. Octavia Grimaldi. Elle s’élance, se présente et repart en coulisses. Comme d’habitude, les danseuses avaient repris leur place dans la loge commune. Chacune s’activait à enlever l’épaisse couche de maquillage sur leur visage après avoir ôté le costume fragile de la représentation. Pour une fois, Octavia avait été la dernière à prendre place face à son miroir. En tant normal, elle aurait regardé ses messages sur son téléphone et aurait commencé à se changer. Mais pas aujourd’hui. Un bouquet de fleurs attendait docilement sur la petite table, bouquet qui lui arrache un petit cri de surprise. Ses yeux bleus parcourent temporairement la salle mais personne ne cille d’un œil en voyant le bouquet d’Octavia. Seule sa voisine, Eleonor, lui lance un regard équivoque. « Un admirateur secret ma chère ? Tu nous l’avais caché. » Un rire. « Oh non, je ne sais pas d’où il provient. Cela doit être une erreur, il devait être certainement destiné à Bianca. » Bianca Nicholls, aka la danseuse étoile du NYCB, bien évidemment. Les simples ballerines ne recevaient que rarement des récompenses et la plupart du temps, lorsqu’une personne de l’entourage d’Octavia assistait à l’une de ses représentations, il ou elle s’arrangeait toujours pour lui offrir un bouquet à la sortie du Lincoln Center, pas devant les autres ballerines au risque de susciter les railleries des filles. « Au fait, il est venu ? » La voix de la dite Eleonor retentit dans la pièce alors qu’elle s’adresse à Emilia, une autre ballerine. « Je ne sais pas et je m’en fiche, de toute façon. Vanja s’est déjà tapé presque tout le ballet, il ne lui manque plus que Bianca. Certes il est pas mal du tout mais ça ne fait pas tout. A ce rythme, il est bien parti pour devenir l’ennemi numéro un du NYCB. » Un rire qu’échappe Eleonor. « Tu y vas fort, dis donc. Je pense qu’on devrait mettre sa photo dans les vestiaires pour que les prochaines recrues l’évitent. Tiens Octavia, tu le connais ? » « Qui ça ? » « Vanja Skovgaard. Un trader qui assiste aux représentations pour se taper une ballerine à la fin. » « J’en ai vaguement entendu parler mais je ne l’ai jamais vu traîner ici. » « Remarque, je ne pense pas qu’il s’en prenne à toi ou il risque de se faire expulser du territoire pour avoir osé toucher notre petite princesse monégasque. » « Aussi ». La conversation se finit dans un petit rire et les autres filles, prêtes, finissent par quitter la pièce commune. Octavia termine donc la dernière et après avoir tout éteint et vérifié, sort du vestiaire, son bouquet et son téléphone à la main, son sac de sport Vuitton de l’autre. Et là, surprise. A l’extérieur se tient l’incongru qui l’avait pris pour une prostituée lors d’une soirée quelques temps auparavant. Elle n’a pas le temps de lui ordonner de partir que déjà, il l’aborde. « J'espère que vous avez aimé les fleurs. Je ne savais pas celles que vous préférez, j'espère qu'elles se trouvent tout de même dedans. » Ça fait ‘tilt’ dans la petite tête blonde de la monégasque. Sacrilège, ces fleurs lui étaient destinées, donc ! Son regard azur plein de dégoût se pose sur le bouquet tandis qu’elle se dit qu’elle les jettera lorsqu’il aura quitté les alentours. En attendant, politesse oblige, il faut faire semblant de les apprécier. « Je voulais m'excuser pour notre regrettable rencontre. » Bah voyons. On ne traitait pas une demoiselle de la sorte, quelque soit sa condition sociale et encore moins de cette façon lorsqu’il s’agissait d’une personne de sang royal. « Vous avez surtout une vision archaïque de la femme. J’ignore quelle est votre origine sociale, jeune homme, mais je doute que l’on vous ait enseigné les règles de bases à respecter en société. » La voix douce d’Octavia rend le tout certainement moins violent à entendre. Elle se rappelle néanmoins que l’inconnu avait certainement assisté à la représentation dans le but de lui parler. Serait-ce un hypocrite, un intéressé voulant s’immiscer dans la vie des Grimaldi ? Probablement. Alors, d’un geste courtois, Octavia lui redonne le bouquet. « C’est mieux ainsi », avant de se retirer.

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Pourquoi diable était-il là ? C'était tout lui, agir avant de réfléchir. Cette idée avait traversé son esprit et il avait comme un besoin de la réaliser, de la mener à bien. Qui plus est, ce n'était au fond pas vraiment différent de ce qu'il faisait d'habitude. Vanja assistait au moins une fois à chaque nouveau ballet qui se déroulait ici. C'était la première fois qu'il venait voir Casse- Noisette et même si une immense partie de lui-même n'était venu que pour elle, il restait une autre qui avait apprécié le spectacle. Comme à chaque fois, il ne laissait toutefois personne savoir qu'elle était la véritable raison de sa présence. Les mauvaises langues se fixaient sur la ballerine qui repartait avec lui en fin de soirée. Les plus naïves l'imaginaient comme un homme de gout qui savait apprécier la beauté d'un ballet. Qui avait raison ? Qui avait tort ? Personne ne pouvait le savoir et même lui n'était pas enclin à donner de réponses trop évidentes à son comportement. Tout en attendant la petite blondinette, Vanja eut l'occasion d'apercevoir un défilé d'anciennes relations d'un soir. Avait-il vraiment un penchant pour les danseuses ? Il semblait bien que oui. Oh, elles n'étaient pas toutes passées dans ses draps mais quelques têtes lui semblaient plus que connues. Certaines lui lançaient un regard noir, d'autres l'ignoraient et puis il y avait celles qui n'auraient pas été contre une seconde nuit en sa compagnie. Ce soir, il était malheureusement déjà pris sauf qu'à l'heure actuelle, il ne pensait nullement à ramener la monégasque dans sa garçonnière. Pourquoi l'attendait-il déjà ? Même lui n'était pas au clair avec son comportement. Ce qui était cependant certain, c'est qu'il était là, alors il allait l'attendre. Savait-elle qu'il était là et prenait-elle son temps pour le faire enrager ? Il ne le pensait pas. L'homme devait toutefois se rendre à l'évidence que la demoiselle n'était nullement pressée. Un regard dans sa direction et il la reconnut. Il avait toujours été assez physionomiste quoiqu'assez embêté avec les dates d'anniversaires. Heureusement pour lui, son agenda les retenait à sa place. La première chose qui lui vint à l'esprit en voyant Octavia fut d'observer son sac de sport. Un Vuitton, la petite savait s'entourer de belles choses. La seconde fut de constater qu'elle avait gardé son bouquet. La troisième fut de remarquer qu'elle ne semblait pas très heureuse de le voir ici. « Vous avez surtout une vision archaïque de la femme. J'ignore quel est votre origine sociale, jeune homme, mais je doute que l'on vous ait enseigné les règles de bases à respecter en société. » Un sourire éclatant vint naitre sur la commissure de ses lèvres. Une chose était certaine c'était que cette Octavia devenait tout à coup bien plus intéressante. La demoiselle venait de l'insulter de macho préhistorique mais la douceur de sa voix faisait passer le tout comme s'il s'agissait d'un compliment. Une part de lui ne pouvait s'empêcher de se dire que la demoiselle serait parfaite dans un tribunal. Il l'imaginait prononcer une sentence de prison à perpétuité avec cette même douceur. Oh oui, même le prisonnier en serait ravi. « Il est vrai que mes manières laissaient à désirer ce jour-là mais chaque homme à ses moments de faiblesses. Mais qui vous dit que ma vision de la femme n'est pas moins archaïque que la vôtre ? » Sourire malicieux aux lèvres, il s'était arrêté sur cette interrogation. toujours ce même ton rempli de respect et de calme. A cet instant, il avait l'air d'un gentleman, tout ce qu'il n'avait pas été la dernière fois. [color=indianred]« C’est mieux ainsi » Le choc de sa vie (plutôt de sa soirée mais sa vision des choses était souvent dans l'exagération) elle venait de lui rendre ses fleurs. Tout homme normalement constitué aurait laissé la demoiselle s'en aller et aurait fini la soirée en bonne compagnie mais pas lui. Accélérant le pas, il avait fini par la rattraper avant de finir par la dépasser. Il lui tendait à nouveau le bouquet. « Mademoiselle, une des règles de bases à respecter en société que l'on m'a enseigné c'est de ne jamais redonner un présent. Prenez-le s'il vous plait. Ce n'est qu'un avant-gout de ce qui vous attendra quand vous serez la danseuse étoile de la troupe. » Il marqua une petite pause avant d'ajouter sur ce même ton réconfortant et agréable. « Qui plus est, ce n’est qu’un bouquet. Il ne vous engage à rien. Je ne vais pas vous demander en mariage parce que vous l’avez accepté. Ni même vous proposer un diner. Un bouquet de fleurs ne peut pas faire de mal. » Il ajouta ensuite avec une intonation plus mélodramatique. « Sauf s’il est refusé… » Vanja n’était définitivement pas le genre d’homme qui acceptait un non comme réponse.

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Octavia ne pensait pas revoir l’inconnu de sitôt. En fait, elle était persuadée qu’après cet affront, l’homme ne daignerait pas se mettre en travers de son chemin. Et pourtant. Pourtant, il avait risqué de se glisser dans les couloirs que seuls les membres du NYCB pouvaient arpenter. Lorsque son regard azur s’était posé sur la silhouette masculine, Octavia avait rapidement fait le rapprochement entre le bouquet de fleurs qu’elle tenait au creux de sa main blanche et la présence de l’incongru. D’autant plus que selon l’adage, jamais deux sans trois, on venait de lui révéler qu’un jeune trader tournait autour des danseuses du ballet afin d’en faire son quatre heures. Forcément, lorsqu’elle s’était aventurée à l’extérieur du vestiaire, la seule présence masculine l’avait inconsciemment ramenée à ce Vanja Skovgaard mentionné plus tôt qui dévorait les femmes aussi rapidement qu’il engloutissait certainement les sushis du dernier restaurant japonais de New York à la mode. Mais elle avait chassé cette idée de son esprit et s’était concentrée sur lui, l’inconnu. « Il est vrai que mes manières laissaient à désirer ce jour-là mais chaque homme à ses moments de faiblesses. Mais qui vous dit que ma vision de la femme n'est pas moins archaïque que la vôtre ? » Fier de ce qu’il venait certainement d’avancer, il observait la jeune femme avec un sourire qu’elle trouvait presque insultant. Mais Octavia ne le détestait pas, au fond. Elle cherchait juste à comprendre quels étaient ses motifs. Il aurait très bien pu s’en tenir à la gifle et à l’humiliation de sa sœur aînée mais il avait tenu à s’excuser. Soit. « Les moments de faiblesse n’ont pas leur place en société. C’est votre deuxième erreur. » Une pause. « Ma vision de la femme est une vision moderne et je suis bien placée pour le témoigner, n’est-ce pas ? Voyez, ballerine, indépendante et n’ayant pas des mœurs légères comme vous le pensiez l’autre soir. » C’était toujours dit sur le même ton doux, jamais sur la défensive. Après tout, dans son éducation, se montrer rassurant, peu importait la nature de leurs propos était de mise. Elle lui redonna donc le bouquet par politesse, parce qu’elle ne connaissait pas son nom, parce qu’ils n’étaient que de simples étrangers. Peut être qu’ils auraient l’occasion de se rencontrer de nouveau dans le futur et faire plus ample connaissance. A ce moment-là, peut être qu’Octavia accepterait ses prochains bouquets. Alors qu’elle s’en croyait débarrassée, l’homme la rattrapa, son foutu bouquet toujours en main. « Mademoiselle, une des règles de bases à respecter en société que l'on m'a enseigné c'est de ne jamais redonner un présent. Prenez-le s'il vous plait. Ce n'est qu'un avant-gout de ce qui vous attendra quand vous serez la danseuse étoile de la troupe. » Que…Pardon ? Danseuse étoile ? Il allait trop loin, pensait intérieurement Octavia. Soit il la voulait dans son lit, soit il s’agissait d’un obsédé sexuel. Heureusement que son chauffeur l’attendait à l’extérieur. « Qui plus est, ce n’est qu’un bouquet. Il ne vous engage à rien. Je ne vais pas vous demander en mariage parce que vous l’avez accepté. Ni même vous proposer un diner. Un bouquet de fleurs ne peut pas faire de mal. » La voix de l’homme devint subitement grave. « Sauf s’il est refusé… » Octavia affichait de nouveau sa mine consternée, sa bouche entrouverte, ses sourcils froncés. « Ecoutez, je n’ai aucune raison d’accepter votre bouquet. Vous n’êtes qu’un parfait inconnu rencontré dans des circonstances hasardeuses et je n’ai pas besoin de votre cadeau pour me sentir mieux après votre affront. De simples excuses suffisent, merci bien. » Une pause. « J’ignore qui vous êtes, je ne vous connais pas, j’ignore ce que vous me voulez mais par pitié, gardez vos distances. Veuillez m’excuser mais j’aimerais me reposer. Bonne soirée. » Un bref sourire et Octavia continua son chemin jusqu’à l’extérieur du bâtiment où son chauffeur personnel l’attendait. A soirée éprouvant sa nuit bien méritée, pensait-elle.

TO BE CONTINUED...