HERMIONE Ҩ Les dieux de la vengeance exercent en silence.

Quelle est la différence entre l'Upper East Side et Brooklyn ? La différence ? L'Upper East Side c'est le territoire des riches, Brooklyn c'est celui des autres. Mais je n'ai pas vraiment d'a priori et je me garderais bien de juger les habitants de l'un ou l'autre quartier. Mais ceux de l'UES doivent se faire harceler par la presse nuit et jour, je ne les envie pas franchement. Bon, entre contre-partie ils vivent dans le luxe le plus total et ceci s'accompagne forcément de quelques désagréments tels que la célébrité, l'attirance suscitée, la curiosité et compagnie. Mais je pense qu'ils se fichent des journalistes, peut-être qu'ils aiment afficher leur richesse et que la presse est un bon moyen d'y parvenir ? Qu'est ce que le luxe ? LA possibilité de dépenser sans compter, d'avoir ce que l'on souhaite et voir plus. C'est une chose que peu de gens ont réellement la chance d'avoir, impalpable mais visible. Je ne doute pas de son utilité, toutefois je n'en abuse pas. Je sais très bien que la belle vie que je mène aujourd'hui peut brusquement disparaître si je me trahie. Qui est Gossip Girl ? Un petit chieur balançant n'importe quel secret. Mais soyons clair, il ou elle ne me dérange as particulièrement. D'ailleurs certaines de ses publications me font rires, surtout parce qu'il ou elle prouve toujours ses dires et qu'on apprend des choses amusantes et parfois sordides. Mais si ce pseudo venait à révéler mes propres secrets je crois que je serais mal, très mal. Autant ne pas y penser, se faire discrète. Quelles sont tes priorités ? Trouver un partenaire : travailler seule n'est pas des plus excitant. Mais bon, c'est plus une envie qu'une priorité. Je n'ai pas réellement de projet immédiat ou quelque chose à faire aboutir, juste être discrète pour éviter les questions embarrassante, me montrer convaincante et... Voilà. Parles moi de toi ? Parler de moi ? Il ne vaut mieux pas, après tout je suis soit portée disparue, soit une sorte de fugitive pas encore recherchée mais qui finira par l'être. Enfin parler de mes tics , manies et compagnie ne devrait pas trop me trahir. Les gens qui m'ont fréquenté ces dernières années vous diront que je suis une personne timide et réservée, voire un peu sinistre sur les bords. Je crois qu'ils ont tort sur ce dernier point, j'aime réellement la vie et ce qu'elle m'offre au quotidien. Mais peut-être affirment-ils ça après avoir entraperçu l'une de mes peintures personnelles ? J'avoue qu'elles sont glauques mais je n'ai jamais su peindre quelque chose de haut en couleur et éclatant de joie, excepté les reproductions mais c'est différent. Quand je mens j'ai la fâcheuse manie de me passer la main dans les cheveux, peut-être pour occuper mes doigts ou cacher momentanément mon visage. Mais il m'arrive d'avoir ce geste lorsque je m'ennuie, que je peins ou que je réfléchis. Ouais, j'ai souvent terminé avec une mèche bleue ou rouge parce que j'avais les doigts plein de peinture. Que dire de plus... Je suis grandement allergique au pollen de fleurs, à tel point qu'il m'arrive de devoir mettre des lunettes de soleil au printemps pour me protéger. Ah, je suis également allergique aux piqûres d'abeilles, je l'ai découvert à mes dépends quand j'avais huit ans, en colonie de vacances.

Elle s'appelait Léanne Baudelaire et sa mère avait tenu à ce que Gabrielle soit son second prénom, en hommage à leur premier enfant décédé. Elle était née un soir d'Halloween, soit le 31 Octobre, dans la ville de Bordeaux, en France. La famille n'était pas réellement riche mais juste assez pour vivre sans trop se prendre la tête, sans compter en permanence le moindre sou. La vie était belle, la vie était tranquille. La jeune fille grandit, bientôt rejointe par un frère d'un an son cadet, et s'intéressa rapidement au dessin, puis à la peinture et enfin à l'art dans sa globalité. Son style apparut très vite lors de ses premières peintures, se posant dans quelque chose de réaliste, imitant presque la photographie. Selon Léanne, peindre des lignes ou apposer sa trace de main sur une toile blanche n'avait que peu d'intérêt. Certes, il fallait y penser mais une fois que c'était fait, c'était terminé, achevé. Mais l'art conduit parfois les gens sur des chemins bien étranges, des routes que l'on préférerait éviter si on avait un peu de bon sens. Pourquoi ne pas se contenter de peindre puis de vendre ses œuvres pour des sommes modiques qui augmenteraient au fur et à mesure que la célébrité apparaîtrait ? Pourquoi ne pas essayer d'être le prochain Picasso ou autre ? Et quand on dit monotonie, alors on saisit. Certes Léanne était une excellente élève, brillant dans de nombreuses matières. Elle obtint son baccalauréat avec mention puis bougea vers Paris dans la ferme intention de se lancer dans des études d'art. Mais son projet ne vit jamais le jour : elle croisa un garçon, sans doute pas le bon, et son avenir fut scellé. Oh, ce n'était pas le grand amour ou quoi que ce soit d'aussi extravagant, non ! Ce garçon d'un an son aîné étant simplement un artiste particulièrement fascinant - selon la miss du moins - et possédait un talent fou... Pour imiter à la perfection des œuvres célèbres. Ces œuvres il les revendait ensuite contre des sommes importantes. Apparemment il s'appelait James Porter et il était ravi de rencontrer une jeune fille comme Léanne. Cette rencontre influença beaucoup son style de vie et elle ne fit jamais son entrée dans cette fameuse école d'art. Un alias fut créé, une certaine Hermione Léandre Fletcher, Parisienne de naissance, possédant la double-nationalité franco-américaine de par ses parents. Bien sur cette fille n'existait pas mais Léanne fut ravie d'endosser ce rôle, de se l'approprier jusqu'à ce qu'elles ne fassent plus qu'un.

Léanne Gabrielle Baudelaire disparut mystérieusement et ne fut jamais retrouvée. Jamais.
Hermione Léandre Fletcher déménagea brusquement aux États-Unis.

« Un tableau fut vendu cette nuit même pour une somme conséquent atteignant sans mal le million de dollars. Pourtant, après une analyse détaillée de l'oeuvre, la police affirme qu'il s'agit d'un faux, d'une copie parfaite mais récente. Le travail du faussaire était impeccable mais il semblerait qu'il se soit un peu trop hâté sur la fin, négligeant une minuscule parcelle de la toile dans le coin inférieur droit. Ainsi la peinture utilisée n'avait pas la teinte exacte de l'originale. Le principal suspect, un certain James Porter - mais la police précise qu'il s'agit d'un alias - a été interpellé aux alentours de vingt-deux heures hier soir. Refusant de se rendre de façon pacifique l'entrevue a abouti sur un échange de coup de feu où le coupable a trouvé la mort. Son domicile montre qu'il n'était pas seul et vivait avec quelqu'un, peut-être sa compagne. Mais ce colocataire inconnu n'a laissé aucune autre trace qu'un mot épinglé sur le réfrigérateur. L'enquête est en cours mais s'avère difficile, comme le confirme l'agent Carter. »

Ce petit article, en bas de la page 3 d'un journal New-yorkais, avait mis la population artistique locale en émoi. Des faussaires, il y en avait tous les jours, des faussaires aussi doués, c'était rare. Très rare. Et dangereux pour le commerce d'oeuvres d'art. Hermione quand à elle finit par faire son petit bout de chemin, vendant des oeuvres d'art passant plus inaperçues, fignolant la toile jusqu'à ce qu'elle atteigne la perfection. Elle progressa dans d'autres domaines tels que le piratage informatique, s'assurant des couvertures correctes. Elle vivait bien, elle avait de l'argent, se fondant dans la foule des gens de bonne famille jusqu'à devenir quasiment invisible. Qui irait chercher une petite artiste française parmi la haute société de New-York ? Eh bien ceci lui sert désormais de couverture.