«
Pourquoi il est pas mort ? » la petite fille regarde le corps frétillant de l’homme allongé sur le brancard pendant qu’une interne la regarde avec surprise. «
Tu aurais voulu qu’il soit mort ? » un ton hésitant, une peur de la réponse s’immisce en elle. Mais la petite fille ne lui adresse aucune attention, regardant toujours avec colère l’homme «
oui, il ne mérite que de mourir après tout ce qu’il nous a fait. » L’interne reste quelques secondes sous le choc, bouche-bé. «
Et tu sais qui lui a fait ça ? » la petite fille la regarde enfin. «
Bah c’est moi. » comme si c’était une évidence, les yeux de l’interne s’ouvrent en grands telles deux grandes secoupes. «
c’est toi, toi, toi qui as… ? » la petite fille fronce les sourcils se demandant si la madame n’est pas un peu sourde. «
Oui, il aurait tué ma sœur sinon. » Là c’était allé trop loin, l’interne la prit par la main pour l’emmener ailleurs, en particulier chez la psychologue. Les médecins pensaient que c’était la sœur qui avait mis les deux balles dans le corps de l’homme, ils avaient pris ça pour de la légitime défense vu les bleus qu’avait la demoiselle. Mais ce n’était pas elle, c’était sa petite sœur qui voulu la sauver des coups de ce que les gens appellent un père.
L’enfance. L’enfance n’est-elle pas censée être une zzolie période où naïveté et découverte sont les reines ? Malheureusement pas chez tous les enfants. Chloe a eu une enfance volée, un père violant, une sœur qui la défendait et prenait les coups, une mère qui aimait trop. Alors, la petite avait fait le nécessaire, à huit ans elle avait à moitié tué son père. Et l’interne finit le travail, touché au plus profond de ses entrailles par la petite fille, elle fit une erreur de dosage qu’elle justifia par la suite par une petite faute de débutante, une faute dû au manque de supervision. Il n’y eu pas de scandale car personne ne voulait de cet homme, à part la mère de la petite qui sombra dans le vide. Elle est devenue qu’une limace, une coquille. Chloe venait de perdre définitivement ses deux parents et était libérée d’un grand poids.
«
Lily. Lily je suis rentrée!! » mais Lily ne semblait pas l’entendre. Alors Chloe monta à l’étage, elle avait douze ans, sa sœur s’occupait d’elle pendant que sa mère dépérissait sur le fauteuil du salon sauf quand elle sortait chercher du réconfort dans les bras d’hommes peu recommandables. Sa sœur était devenue sa protectrice, celle qui prenait soin d’elle, Chloe essayait d’être la plus indépendante possible pour ne pas trop peser sur sa sœur.
Elle entrouvrit la porte, frappant au préalable. «
Lily ? » une musique émanait de la pièce, c’était certain Lily était là. La petite ouvrit la porte en grand et là, un nouveau choc. Son cerveau se déconnecta, son corps la guida jusqu’au lit, des billes translucides dévalèrent ses joues. «
LILYYY ! » sa main sur son épaule elle la secoue. Mais c’est inutile, elle le sait, Lily n’est plus. Lily n’est plus qu’un souvenir. La petite s’effondre au sol, balbutiant avant de revenir sur terre, tremblante elle attrape le téléphone à côté d’elle et appelle les pompiers. «
Eumh. » « quelle est l’urgence ? madamme ![/i] » «
euh oui. Je … ma sœur s’est…. Ma sœur s’est suicidée. » « oh, tu peux me donner ton adresse … ? » «
euh oui c’est… »
Sa sœur est partie à quatorze ans, s’excusant de ne pas avoir tenue le coup. La culpabilité s’est nichée dans les veines de Chloe. Elle s’est retrouvée dans un foyer puis un jour sa mère refit apparition. Mais Chloe était déjà tombée au fond, creusant pour voir s’il n’y avait pas encore plus profond.
Une enfant solitaire, forte ; une adolescente forte mais fragile, tombée dans les excès pour s’anesthésier. Elle est devenue une jeune adulte qui s’assume seule, indépendante (un peu trop) qui tente de se reconstruire et de construire une vie digne de ce nom. Même si pour ça elle s’est frottée au milieu de la nuit, elle a été strip-teaseuse quelques temps, pour mettre de l’argent de côté. Elle continue encore, quelques heures par semaines, c’est de l’argent facile. Ça peut en scandaliser certains mais elle se dit qu’au moins elle utilise le vice des hommes pour se faire du fric. Et puis, personne ne fait vraiment attention à elle. Enfin presque, Tris est l’exception, même si elles ne sont pas du genre à étaler leur sentiment. Tris fut quelqu’un à qui elle s’attacha pour avancer, qui lui donnait une bulle où elle fuyait le passé et le quotidien. Le passé où elle avait été un numéro dans un foyer et le présent où sa mère l’avait repris pour avoir bonne conscience mais aussi pour améliorer sa relation de couple. Et ouais, Madame a trouvé un homme riche qui a bien voulu d’elle alors quand il apprit qu’elle avait une fille dans le système il lui a demandé de l’en sortir. Quelle ironie, Chloe doit de l’aide à un homme. Mais toujours pas à sa mère qui ne fit que continuer de lui lancer des regards réprobateurs et lui faire passer sous les yeux des brochures de centres de désintox.
Mais moi je vais bien ! j’ai juste besoin de trucs pour m’aider à supporter ce truc qu’on appel la vie. ça fait deux trucs dans la mêmes phrases, un de trop. Sa mère peut continuer autant qu’elle veut de jouer les pseudo-mères inquiètes Chloe continue parce qu’il faut continuer d’avancer. Elle aimerait pouvoir faire des études, mais les études sa coûtent chères et hors de question de demander de l’aide à celui qui est devenu son beau-père même s’il à l’air d’être gentil,
toujours se méfier des apparences. Elle pourrait bien demander à Tris mais non,
pas question de s’embarquer dans des accords d’argent avec elle, ça va tout foutre en l’air. La question c’est qu’est-ce qu’elles partagent réellement ? Amitié, ouaip, elles se sont rencontrées dans un internant (dans laquelle alla Chloe quand sa mère l’avait sorti du foyer) passant d’un monde pauvre à riche. Elle les aimait pas les gosses de riches, Tris en est une pourtant c’est passée avec elle. Toutes deux solitaires mais complètement allumées, un peu comme « sex, drogue & rock’n’roll sauf qu’il n’y a pas encore eu de sexe et que normalement Tris ne sait pas pour le goût prononcé de Chloe sur les médocs (mais à bien vu les décentes qu’elle a quand elle boit). Elle avait réussi à arrêter, mais il y a quatre mois elle est repartie pour un tour. P’têtre que Tris pourra la sauver, c’est possible, après tout elle est la personne à laquelle elle est le plus attachée (mais n’est pas du genre à le dire). Affaire à suivre….