« Mademoiselle, où allez-vous ? La réception de votre mère est en bas et... » Joy leva son index et le majordome garda sa phrase en suspend avec un air décontenancé. Elle leva les yeux au plafond dans une mimique concentrée puis arbora un sourire énigmatique.
« Sa penderie à cravate, mais bien sûr... Jerry, tu pourrais aller chercher les clefs de la voiture de fonction dans la chambre de mes parents ? » Elle s'approcha de lui avec sa démarche féline et son visage angélique.
« Mais je croyais que votre père vous l'avait interdit depuis le vol de... » Elle soupira et encore une fois le coupa dans sa phrase avec conviction :
« S'il te plait. » A son tour de soupirer et il s'éclipsa sur la pointe des pieds. Joy referma la porte de sa chambre derrière lui et quitta sa robe de cocktail destinée à la soirée organisée par sa mère pour fêter sa 100ème rubrique dans le magasine Vogue et enfila des vêtements moins contraignants, plus courts, une robe indigo qui mettait ses courbes en valeur et plongeait radicalement dans son décolleté. Elle détacha le chignon parfait dans sa chevelure brune et l'ébouriffa pour lui donner plus de volume et retrouver ses boucles naturelles. Elle passa son pouce sur ses lèvres pour retirer le rouge à lèvre nude et en appliquer un davantage rouge qui collait à son
smoky eye et sa peau halée. Métamorphosée, elle leva les yeux et aperçu le majordome dans l'angle de son miroir. Il se tenait dans l'embrasure de la porte, fébrile.
« Vous ne devriez pas mademoiselle. » Joy s'en approcha et prit de ses mains le trousseau de clef de la dernière voiture, le dernier petit bijou de son père.
« Bonne soirée Jerry. Merci de me couvrir. » Joy avait beau avoir 21 ans, depuis que ses parents avaient appris ce qu'elle faisait de ses soirées et de sa jeunesse, ils étaient constamment sur son dos : tiens-toi comme ceci, ne fais pas cela, tu sors encore, tu devrais travailler, chercher un travail, regarde comment tu es habillée, est-ce que tu as bu ? Heureusement elle était majeure et n'avait plus les mêmes comptes à rendre, seulement lorsque cela touchait à l'image publique de la famille, la tâche était beaucoup plus compliquée. Mais Joy n'avait jamais été le genre de fille sage qui écoute et acquiesce en silence. Encore une fois elle le prouvait ce soir en désertant la réception de sa mère et en piquant la nouvelle voiture de son père pour aller chercher ses meilleures amies en bas de chez elle et filer à une soirée dans une galerie d'art abandonnée de l'Upper West Side. Elle se glissa en dehors du Penthouse avec discrétion en évitant toute rencontre qui aurait pu mettre ses plans à l'eau. Elle s'installa derrière le volant et fit vrombir le moteur direction chez Blue.
La résidence de sa blonde préférée n'était qu'à deux minutes et il ne lui fallu pas longtemps pour se stationner en bas de chez elle, dans un petit recoins afin de ne pas se faire trop remarquer. Elle mit les warning et attrapa son téléphone pour lui envoyer un SMS. En quelques secondes Blue montra le bout de son nez et Joy abaissa sa vitre :
« Eh jolie blonde, j't'emmène quelque part ? » Elle haussa un sourcil puis éclata de rire en débloquant le verrou de la porte du passager.
« Aller grimpe, on a la troisième Totally Spies à déloger ! » plaisanta-t-elle en appuyant sur l'accélérateur pour filer sur la route direction, cette fois-ci, chez Lil.
« On lui envoie un sms pour qu'elle descende ou se pointe par sa fenêtre à l'improviste ? » Les yeux rivés sur la route, les lumières des lampadaires défilaient et Joy sortit d'une main son paquet de cigarettes de sa pochette. Elle le posa au dessus du tableau de bord et en prit une qu'elle glissa entre ses lèvres avant de tendre le paquet ouvert vers Blue pour lui en proposer une.
« J'ai oublié mon feu, pitié dis-moi que t'as le tien ! »made by pandora.